Barbara Laborde venue en renfort parler du film...

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... de Jacques Becker sur Casque d'or

Au Club, quand Liesel et Elodie racontent...

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... Casque d'Or, les Apaches du Paris de la Belle Epoque.

Il reste donc tout l'été à Liesel et Elodie...

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... pour terminer leur roman. A suivre !

Bienvenue à la Bellevilloise avec Liesel Schiffer et Elodie Scée...

De février à juin 2010, Liesel Schiffer et Elodie Scée sont en résidence d'écriture à la Bellevilloise.

vendredi 26 mars 2010

Le texte de Fred Olsen, l'un des participants de l'atelier d'écriture du 20 mars

Promenade dans Belleville


Rue Boyer, elle monte jusqu’à la rue Ménilmontant qui apparaît comme un bout d’horizon, strié par le passage des voitures. A droite, la petite rue Laurence Savard, bordée de maisonnettes que les lierres et les frondaisons envahissent, ses pavés mal sertis, le trottoir si étroit qu’on y marche comme un funambule.

Il est rare qu’on croise quelqu’un dans ces parages. Des enfants en culottes courtes qui jouent au ballon, une jeune femme en jupe longue poussant une porte, un vitrier le dos affublé d’un rectangle de verre posé sur un cadre de bois. Non, aucune rencontre de la sorte. Aujourd’hui, son Rolleiflex en main, Willy Ronis n’aurait plus à saisir de personnage émergeant dans ce tremblement de lumière qu’il affectionnait tant. A travers cette petite rue vide, dodelinant sur la colline de Belleville, on ne voit que des images d’un autre monde. Quel présent a donc pris possession de ces lieux ? A y regarder de près, ce sont encore aujourd’hui des images, d’autres images, qui accaparent mon regard. Sur un pan de mur, s’attroupent les animaux de ménagerie des Mosko, ailleurs court après des mouettes le pantin blanc de Mesnager, plus loin c’est l’homme à l’imperméable noir de Nemo qui cherche à attraper un papillon chamarré. Images aux couleurs éclatantes peintes par des poètes de la rue, images chipées dans un livre des merveilles. Des images, comme si mon regard ne retirait rien d’autre parmi la réalité devant moi, une réalité devenue trop pâle, presque inexistante.

Puis plus en amont, sur la gauche, la façade de La Bellevilloise. Mur de brique, rythme élégant de la construction, formules à la vue du passant claironnant l’esprit rebelle du 20ème : « coopérative ouvrière », « du producteur au consommateur », « maison du peuple ». Après les émeutes de la Commune, le feu des régiments lancés baïonnettes au canon contre le peuple, les amoncellements de cadavres dans les allées du Père Lachaise, il a fallu rêver autre chose. Autre chose que la lutte sans merci, les décombres et la folie furieuse des hommes. On a édifié ce bâtiment imposant avec l’espoir tenace d’une vie meilleure. D’autres images se sont entassées là. Devantures remplies de marchandises, voitures de livraisons prêtes à sillonner aux quatre coins de l’arrondissement, personnel posant en rang d’oignons sur le trottoir, clients attablés dans la grande salle du bas trinquant ou lisant le journal. L’utopie a remplacé le carnage. On a camouflé le crime, maquillé la mort, embelli la vie.

Aujourd’hui la sève de ce lieu s’est évaporée, ne restent que des fleurs séchées, une odeur de vieux livre d’histoire, les pages sans images d’un Malet & Isaac de petit écolier.

Fred Olsen

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