Barbara Laborde venue en renfort parler du film...

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... de Jacques Becker sur Casque d'or

Au Club, quand Liesel et Elodie racontent...

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... Casque d'Or, les Apaches du Paris de la Belle Epoque.

Il reste donc tout l'été à Liesel et Elodie...

Il reste donc tout l'été à Liesel et Elodie...
... pour terminer leur roman. A suivre !

Bienvenue à la Bellevilloise avec Liesel Schiffer et Elodie Scée...

De février à juin 2010, Liesel Schiffer et Elodie Scée sont en résidence d'écriture à la Bellevilloise.

mercredi 30 juin 2010

Un second extrait du roman à 4 mains “les Bellevilloises”

Chérifa, Paris, 2010 par Elodie
“Chérifa remontait lentement la rue de Ménilmontant, de plus en plus pentue à mesure que l’on s’approchait de la rue des Cascades. A l’angle elle salua Momo, le patron du bistrot, ignora Aziz, son fils, qui la snobait depuis toujours, et sonna au 48. Elle avait rendez-vous avec Nadia, sa copine à la vie à la mort, ou presque. L’interphone resta muet. Chérifa traversa la rue, se posta sur le trottoir d’en face, et mit les mains en porte voix : « Nadia ! », s’égosilla-t-elle, « Nadiaaaa ! ». Une fenêtre s’ouvrit, la mère de Nadia apparut : « elle est sortie Nadia, elle est sortie ». Chérifa lui fit un signe de tête entendu, haussa les épaules, et se mordit les lèvres. Sortie ? C’était bien la peine de se donner rendez-vous. Qu’allait-elle bien pouvoir faire ? Tout en fulminant la jeune fille avait déjà atteint la rue de Ménilmontant. Elle attendit que le bus 96 passe, traversa d’un pas pressé, et s’engagea rue Boyer. Peut-être que Nadia était chez Myriam. En passant devant le centre de danse africaine, elle jeta un coup d’œil par la vitre, vit son reflet dans le miroir qui se trouvait au fond de la salle, et se trouva soudain parmi tous ceux qui suivaient le cours. Elle ralentit : le danseur était vraiment beau…. Les sons étouffés des djembés résonnaient jusque sur le trottoir. Elle faillit bousculer un groupe de filles qui sortaient du porche de la Maroquinerie, une salle de concerts où elle était allée une fois avec des copains qui avaient eu des invitations. Elle sourit à ce souvenir. C’était une bonne soirée, même si elle n’avait pas trop aimé la musique. Elle dépassa la Bellevilloise, c’était marqué sur un grand panneau, et se posta à l’entrée du 17 de la rue Boyer. C’est là qu’habitait Myriam, et Chérifa était à peu près sûre de la voir arriver d’un moment à l’autre. Les filles passaient leur temps à déambuler dans la rue. C’était leur quartier, même si maintenant, des centaines « d’étrangers » se pressaient au 19-21. A la Bellevilloise.
Chérifa entretenait un rapport ambigu avec ce lieu branché, un peu mystérieux, avec ses deux entrées, ses queues interminables les soirs de concerts. Elle aurait bien voulu y pénétrer, mais en rien elle ne ressemblait au public qui s’y rendait : des bobos ou des vieux. Pour Chérifa, les vieux, c’étaient les trentenaires, et les vieillards, tous ceux qui dépassaient la quarantaine. A 17 ans, la jeune fille se sentait immortelle.
Ni Nadia ni Myriam ne pointaient le bout de leur minois, et Chérifa n’osait sonner chez cette dernière, car elle avait eu de nombreuses fois le sentiment que la mère de celle-ci ne l’appréciait guère. Son amie la taquinait en la traitant de parano, mais Chérifa avait bien senti le regard peu amène de la grosse dame. On aurait dit qu’elle n’aimait pas trop les arabes… Mais bon, c’étaient des suppositions, hein. Chérifa s’adossa au mur de l’immeuble, et se mit à observer les va et vient à l’entrée du 19-21, une grande grille ouverte. Des grappes humaines en sortaient avec des éclats de rire, des gens pressés s’y engouffraient d’un air entendu. La plupart semblaient ici chez eux. Seuls quelques curieux hésitaient à l’entrée (et pour la plupart, parce qu’ils attendaient quelqu’un qui ne tardait pas à arriver), les autres parce qu’ils déchiffraient le programme placardé au mur. Il lui sembla qu’un ou deux étaient de réels étrangers, attirés là par un guide bienveillant, soucieux de faire découvrir le Paris d’aujourd’hui : à la rubrique « the place to be », ne pas manquer La Bellevilloise, rue Boyer, 20ème. Chérifa soupira, et se mordit consciencieusement les lèvres : pourrait-elle un jour y entrer, sans se sentir deux fois plus étrangère ? Une bourrade sur l’épaule interrompit sa méditation.”
(A suivre...)

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